[COMBUST.1] L'enfer du devoir.

La nuit tombe sur la station Headlight. L'orage n'a pas duré mais les gros nuages sont encore là, ce qui veut dire qu'il peut revenir d'un instant à l'autre. L'air est pesant, humide et chaud.
Les ateliers ont fermés les rideaux métalliques, quelques mécanos taffent encore mais la plupart vaquent à leurs occupations personnelles.

Combust est dans le hangar 5, calé dans un siège fabriqué avec des pneus finement découpés et collés entre eux pour en faire un fauteuil des plus confortables. Il contemple une voiture de sport vaguement équipée pour faire du hors-piste, à grands coups de meules dans la carrosserie et de pneus démesurés.

Il a passé la journée à installer des arceaux et des renforts divers sur ce tas de ferraille. Et à présent une seule chose le préoccupe : savourer le cigare qu'il vient d'allumer en écoutant un de ses morceaux de musique préferés, un truc des années 2000.

L'ancien monde, il y pense souvent, mais sans nostalgie. Il estime s'être plutôt bien adapté à "l'Epoque des Goules", comme il l'appelle parfois. C'est bien pour ça qu'il sait profiter des instants comme celui là.
De temps en temps, un courant d'air passe le rafraîchir, il lâche un sourire. Le rideau de ferraille est légèrement ouvert, pile à la hauteur de son regard. D'ici, il a un bon point de vue sur ses installations, il les scrute avec fierté.
Depuis qu'il se sont installés ici lui et ses frères d'armes, ses compagnons de survie, ils goûtent à la douceur d'une vie qu'ils n'espèraient pas. Après toutes ces souffrances et ses horreurs, la station est devenue leur paradis. Des familles sont nés ici, et sont prêtes à y mourir.

~..on en a trop bavé pour laisser qui que ce soit nous prendre cette foutue station..~

Un gros ronflement de moteur se fait soudain entendre au loin. Un de ses véhicules de patrouille qui se rapproche. Les types rentrent au bercail, les gueulements soudain de Panda l'attestent.

~..quel con ce chien..~ Même s'il pense souvent ça, et parfois il le pense vraiment.. il est prêt à vous attacher à son pick-up et à vous traîner sur 20km à travers les terres dévastées si vous touchez à "Panda", le Jack Russel du clan. Il ne lui reste que trois pattes, mais il est encore capable de courir après les lapins, et c'est leur mascotte.

~..dans ce monde, si t'es seul, t'es voué à disparaître..~

Pour l'heure, il se sort de ses pensées et de son siège de pneus, et se dirige vers ses quartiers. S'il y assez de réserve d'eau pour une douche, il n'est pas contre.

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Alors qu'il se dirige vers ses quartiers, Combust entend une voix timide l'interpeller.

-Combust.. c'est Danya, la femme d'un des mécanos que la station abrite et nourrit en échange de leurs précieux savoir-faire. Elle est très timide, elle a peur de tout. La carrure du boss l'impressionne et il est obligé de la presser un peu pour qu'elle sorte ce qu'elle a à dire.

-C'est les patrouilleurs, ils m'ont dit qu'il fallait que.. que vous.. que vous rameniez vos fesses le plus vite possible.. elle lache la fin très vite dans un élan de courage, en fronçant les sourcils.

Combust reconnait là ses gars. Ils se sont jouée de la timide Danya en lui demandant de lui dire ça, ils savaient que ca allait la mettre mal à l'aise.

-Désolé monsieur c'est ce qu'ils ont dit. Elle se justifie.

~..Ils se sont permit une petite blague, c'est que la situation ne doit pas être si grave..~ pense t'il.
Il s'empresse tout de même de rejoindre le hangar 2 au plus vite, après avoir remercié la femme du mécano.
En chemin, il croise un des patrouilleurs, qui venait à sa rencontre. Ils se rejoignent sur la passerelle qui donne aux hangars.

-Combust, faut que tu vois ça ! le gars a un oeil tuméfié, et la lèvre supérieure bien ouverte.

Combust lui demande ce qu'il s'est passé, mais le patrouilleur se contente de lui répondre qu'ils ont capturé un truc qui a tenté de s'échapper. Ils reprennent leur chemin.

-Faut que tu vois ça j'te dis !

Arrivés aux hangars, ils rejoignent le buggy servant de véhicule de patrouille. Combust devine que les deux autres gars du groupe sont en train de surveiller quelque chose enfermé dans la grosse caisse métallique fixée à l'arrière du véhicule et qui sert de coffre.
Visiblement assez fiers, ils montrent leur trophée à leur boss : un homme est solidement attaché dans la caisse, au milieu des outils de secours.

-Tu te souviens du gars qu'on voyait depuis 10 jours dans le coin ? Qu'on voyait traîner mais qu'on arrivait pas à trouver ? Bin il est là bordel ! Cet enfoiré observait la station depuis le pont, avec ses jumelles à la con. Pourquoi tu te planques si t'as rien à cacher hein fils de pute ?!!

Ses hommes ne sont pas des sauvages, mais ils n'aiment pas les coups fourrés et l'orage de l'après-midi les a visiblement énervés. Après l'avoir sorti sans ménagement du coffre, il le font s'asseoir par terre, contre un pneu du buggy, et ils font l'inventaire du peu de matériel qu'ils ont récupéré sur lui : quelques affaires de rechange, du matériel de survie, et les jumelles du délit.

Le prisonnier semble errer dans les terres sauvages depuis longtemps, et son état de maigreur avancé indique qu'il n'a pas fait un bon repas depuis longtemps.

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Combust a fait installer le captif dans une pièce au-dessus du stock. La petite salle au sol grillagé n'est éclairée que par par les néons du rez-de-chaussée et par les quelques lumières extérieures passant par une unique fenêtre. Des caisses débordant de pièces et d'outils mécaniques divers sont entassés dans les coins, avec des outils de jardinage nécéssaires à l'entretien des serres. Trois sentinelles surveillent l'intérieur et l'extérieur du bâtiment.

Le prisonnier, qui n'a plus que les mains liées, se tient debout, un peu hésitant.
Combust est seul avec lui. Un silence s'installe, les deux hommes se fixent mutuellement.

Au bout de quelques secondes, Combust se saisi d'une barre en fer, sans même vraiment se préoccuper de ce que c'est exactement, l'arrache dans un grand bruit de feraille grincante du bordel où elle est plantée, et s'approche du survivant ligoté.

Il lui adresse la parole pour la première fois :
-Pour qui tu bosses ?
-Pour personne. L'homme répond dans la foulée, et une lueur s'est allumée dans son regard. Il prend de l'assurance.

-Sérieux ? Me prends pas pour un con, j'suis fatigué. J'ai pas envie que notre rencard dure des heures. Je te le redemande, pour qui tu bosses ?
Le captif lui répète la même chose, et semble à présent très confiant. Il fait quelques pas vers Combust.
-Ecoute, dans la région, les gens disent que du bien de toi. Happy te protège et tu lâches ton essence même à ces batards de SLH. Vous êtes cool ici, pas comme la Brigada. Vous allez me relâcher à poil dehors ? okay, pas grave, je sais me démerder. Mais je te le répète, je bosse pour personne.

Ca prend une tournure qui déplait au boss de la station.
-T'as fini ?.. Bon, je vais faire court, j'ai pas à me justifier du commerce que je fais, surtout à une vermine comme toi. Mais laisses moi t'expliquer un truc..

Le type s'appuie contre le mur, comme lassé.
-Tu va me dire que t'es sûr que je bosse pour quelqu'un, que t'as des gars qui..

-TA GUEULE !! ordonne soudain Combust. Les veines de son cou et de son front sont injectées de sang, il contient sa colère.

-Ce que je veux t'expliquer.. il prend le soin d'attendre, pour être sûr d'avoir l'attention du prisonnier, et poursuit.. c'est que le plus important dans un groupe, c'est le leader. C'est lui qui représente son groupe auprès des autres, et si il tient bien ses hommes, son affaire aura exactement la gueule qu'il veut qu'elle ait. Tu comprends ?
-Ouais, me semble, mais où tu veux.. Combust le coupe à nouveau et le plaque violemment contre le mur.

-Ce que je veux dire, c'est que je suis cool, les gens disent du bien de moi, et tu entends parler de moi. L'essence, c'est moi, les garages, c'est moi.. et je suis désolé de te dire que oui en effet, je suis certain que tu bosses pour quelqu'un..

Le regard du captif a perdu tout son espoir. Il a retrouvé son air hésitant.
-Tu voulais voir la station ? Et bien voilà.. t'es au coeur de Headlight. Et tant que tu lâcheras pas le morceau, t'es pas prêt d'en sortir.

Combust laisse respirer le gars et fait un signe à ses sentinelles.
-Ramenez Truder le plus vite possible. Dites lui de s'en occuper.

-C'est mon devoir de protéger cette station mon pote. rajoute t'il en se débarrassant de sa barre en fer.
Puis il quitte les lieux, laissant le captif entre les mains de ses gars.

-C'est qui Truder ?

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